Animation d'Ateliers d'écriture

par Soumya Ammar Khodja


Prologue

Notre relation à soi et aux autres passe fondamentalement par les mots.
Il est de la liberté de toute personne de s'autoriser à écrire. Il est de la liberté de toute personne de s'interroger sur la langue qu'elle utilise chaque jour, sur celle qu'elle reçoit des autres, d'écrire son rapport au monde, avec sa sensibilité, ses moyens propres.
L'écriture est l'autre versant de la parole, si l'on entend par parole, l'oralité. Une oralité nécessaire mais sans doute trop présente dans la quotidienneté, conduisant à restreindre le nombre de ses mots. Restriction qui ne peut rendre compte de la complexité des opinions et des situations.
Écrire n'est pas exactement communiquer. C'est un peu plus, mieux que cela, lorsque cet acte nous fait découvrir la richesse de la langue, l'éventail de ses possibilités.
Écrire nous rappelle que la langue est dense, porteuse d'histoire et de mémoire. Écrire, c'est refuser de se suffire d'une somme de mots, quasiment prescrite par les canaux de communication, prétendant tout signifier. Ainsi du verbe gérer dont on use et abuse... Un mot et un seul suffirait pour évoquer des domaines aussi différents que l'économie, la psychologie, la sociologie, le droit, l'amour, les émotions, le sport? Un mot et un seul – pas n'importe lequel - voudrait faire croire à une communauté, à une fraternité langagière dans une société que caractérisent plus que jamais les clivages socio-économiques.
Pourquoi dans ce cas consulter des dictionnaires, se rendre compte de la diversité des mots, de leurs synonymies, de leurs nuances, de leur épaisseur? Pourquoi même lire?
Écrire, c'est aussi accepter de se confronter à ses limites, à ses manques, - confortés par la communication quotidienne et rapide (si ce n'est lapidaire) - et les dépasser. Prendre le pari d'élargir son champ de vision, d'affiner sa perception, ses capacités d'expression.
Écrire, c'est peu à peu forger sa propre langue, sa part écrite. C'est établir une relation plus riche, plus réfléchie avec soi-même et les autres.
L'Atelier d'écriture peut être ce lieu où se confirme le désir d'écrire, s'expérimente une conquête progressive de ses moyens. Bien sûr, les membres d'un Atelier d'écriture n'ont pas les mêmes motivations.
Les uns vivent l'expérience sur le mode de l'activité agréable et distrayante, n'écrivent qu'à ce moment-là. D'autres y viennent, porteurs d'un ancien désir d'écrire, de mettre en mots un vécu personnel, une étape de leur vie mais ne s'autorisent pas à le faire pour maintes raisons... L'atelier peut aider à entrouvrir la porte jusque-là fermée, la porte de l'écriture.

Description

L'Atelier réunit un ensemble de personnes (entre 6 à 12/15) qui vont écrire à partir de propositions d'écriture énoncées par l'animatrice, en temps limité, selon une thématique retenue. La proposition s'adresse au groupe. La réponse est individuelle : l'écriture. Le volume horaire d'une  séance est, au moins, de deux heures.
Les formes d'organisation d'un Atelier d'écriture sont multiples, selon les contextes, les projets et les opportunités. Il peut se concentrer sur un week-end, se dérouler sur plusieur mois, être heddomadaire, mensuel...

Déroulement

  1. Proposition
  2. Moment d'écriture
  3. Moment de lecture-écoute
  4. Réactions-discussion.

Déontologie

L'Atelier ne saurait être un lieu de « psy » sauvage, un lieu où s'exprimeraient des opinions contraires aux valeurs de respect de la personne sous prétexte de liberté d'expression. Il fonctionne sur une éthique de respect des uns et des autres, quelles que soient les catégories socio-culturelles et professionnelles dont sont issus les participants. Il est un temps consacré à l'écriture, à l'écoute, à l'échange, n'interdisant pas la passion et la bonne humeur! L'animatrice est présente pour tous, veille à ce que chacune et chacun aient sa place, répond aux questions, aide à faire avancer les écritures quand cela est nécessaire. Elle a la responsabilité du bon fonctionnement de l'Atelier.

Aboutissement

Une plaquette réunissant un choix de textes produits pendant les séances de l'Atelier. Plaquette constituée de ses propres textes et de ceux des autres. Ainsi, chaque membre garde trace de ce qu'il a écrit lui-même mais aussi de ce qu'ont écrit ses camarades d'Atelier. Une lecture publique à partir d'un choix de textes écrits par les uns et les autres. Cela est possible quand il y assez d'enthousiame, d'énergie, de complicité et un désir de partage avec l'extérieur.
Depuis plus d'une quinzaine d'années, j'anime des Ateliers d'écriture, en milieu universitaire et scolaire, hospitalier et psychiatrique, associatif et artistique, selon les sollicitations, commandes et rencontres. 
Ainsi, nombre de mes interventions se sont déroulées [se déroulent pour certaines] à l'hôpital Minjoz, Service d'Hématologie, au Centre hospitalier de Rouffach spécialisé en psychiatrie (lire...) dans le cadre de « La Culture à l'hôpital », dans des collèges et lycée de Besançon en liaison avec l'Association Croq'livres, à Lons-Le-Saunier avec le Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF), à La Maison de l'Étudiant, à l'Unité Promotion/Formation/Recherche des Sports (UPFR Sports) lors de la Semaine « Bien-Être au Campus », Université de Franche-Comté, à l'Université Ouverte de Franche-Comté, à l'intérieur de ma propre structure « La langue est la maison de l'être ».
Les intitulés qui suivent concernent les thématiques autour desquelles j'ai travaillé, entre autres, à l'Université Ouverte de Franche-Comté.

  Lectures publiques de textes composés en ateliers: