Soumya AMMAR KHODJA 

Titres et thématiques des conférences



"Je venais de tant de terres à la fois"Andrée Chedid

"Je relève d'un pays ou personne ne règne"

"La mort, qui a le temps, se divertit
De ceux qui croient asservir la terre.
Si les hommes sont, déjà, ils ne sont plus.
Demain est pour bientôt : l'imprécation est vaine.
Seules les pierres, songe la mort, seront longs à mourir"

       Dernière strophe du poème Terre des Puissants
       A. CH.


Avec un rare esprit de liberté, Andrée Chédid (1920-2011) portait en elle le Liban, terre de ses ancêtres, l’Égypte terre de sa naissance, de son enfance et de sa jeunesse.
De la France, elle a fait sa terre d’élection, de la langue française, sa langue de poète et d’écrivain. Son œuvre au long cours, bruissant de ces mondes et de leurs langues (dont l’arabe et l’anglais), soutenue par l’interrogation sur le lieu et les racines, sur la rencontre entre les êtres issus d’univers différents et opposés, sur la guerre, sur "l’espoir/au sein des désespoirs", témoigne d’un souci constant de l’humain et de son énigme.


"Adieu mon bien cher Georges, et que ton océan de tendresse ne s'évapore pas très vite. Je me contenterai même d'un restant de sel, pour peu que tu en glisses dans une lettre et m'en envoies souvent.

Elias, Goerge et Veza CanettiTon frère Elias qui ne s'est pas encore remis de la beauté du mot frère"

Ainsi écrivait Elias Canetti à son frère Georges, en 1943. Ces lignes sont assez éloquentes pour faire entrevoir l'intérêt et la beauté du genre épistolaire. Les lettres, expression de l'intime mais aussi de l'universel, ont beaucoup à nous apprendre. Sur des femmes et des hommes, leur temps et leurs lieux, sur leurs sentiments complexes et contradictoires, leur relation aux autres et au monde, leur volonté de transmission et d'enseignement.
Au fil des séances, nous découvrirons les Lettres à Lucilius de Sénèque, La dernière lettre (Révolution française), Lettres des Poilus, Lettres d'écrivains (Guerre 1914-1918), lettre de Missak Manouchian et quelques autres résistants (Guerre 1939-1945), Lettres de Calamity Jane à sa fille, la lettre au père de Franz Kafka, Lettres à Milena du même, les lettres de Veza et Elias Canetti à leur beau frère et frère Georges Canetti.

A travers le prisme des sensibilités et des personnalités, les lettres sont des lieux d'échange, de dialogue, de dispute autour de sujets aussi riches que l'amour et ses multiples facettes, l'amitié, l'art, la littérature, la politique, la marche du monde...
Acte d'écriture, haussant souvent la prose à un haut niveau, les lettres sont des voix qui nous touchent, nous donnant matière à penser.
Seront proposées à l'écoute et à la discussion, les lettres d'Apollinaire à Lou, de Sand à Flaubert, de Flaubert à Sand, de Camille Claudel à Rodin, de Simone de Beauvoir à Nelson Algren, les lettres à leurs filles (Freud, Théophile Gautier, Colette), les lettres d'Alexandre Dumas à son fils, les lettres de Tchekhov à Olga Knipper, de Rilke à un jeune poète, de Maurice Béjart à un jeune danseur.
Nous reprendrons quelques lettres de Sénèque à Lucilius qui n'ont pas pris une ride.


*Victor Hugo



Aimer, se retrouver, se séparer... A travers une anthologie de chansons et quelques opéras, écouter/suivre l'aventure du sentiment amoureux - la rencontre, l'attente, la séparation, la nostalgie, l'oubli, la solitude - , selon les époques, les cultures, témoignant de l'état de la société (représentations des femmes et des hommes, entre autres).

Édith Piaf, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Yves Montant, Jean Ferrat, Jacques Brel, Barbara, Lèo Ferré, Patricia Kaas, Mireille Mathieu, Juliette Gréco, Georges Brassens, Alain Souchon, Oum Kalsoum, La Callas, Faïrouz, Khaled, Césaria Evora, Marlène Samoun, Souâd Massi et quelques autres constituent cette anthologie descriptive et non définitive, ne relevant pas toujours de mes seules préférences personnelles. L'intérêt étant de donner à entendre le sentiment amoureux chanté en résonance ou en dissonance avec les normes sociales.

Les chansons sont parfois croisées avec la lecture de poèmes se déclinant autour de « l'amour fou de l'amour fort » : Majnûn Leïla, La Loreley d'Apollinaire, Allégeance de René Char, Il n'y a pas d'amour heureux d'Aragon, le Cantique des cantiques...
                               
De La Marseillaise (Révolution française), en passant par Le temps des cerises (La Commune), La butte rouge (première guerre mondiale), Ami, entends-tu? L'Affiche rouge (deuxième guerre mondiale, Résistance), Le déserteur (guerres d'Algérie et autres), Douce France... les chansons font entendre les échos d'un pays au fil de son Histoire, entre guerres et paix.
Je m'intéresse également aux versions d'une même chanson à travers les diverses interprétations et adaptations d'artistes. D'un interprète à un autre, d'une époque à une autre, une chanson se charge de sens inattendus et finit par pointer les contradictions de la société : ainsi Douce France ne renvoie pas toujours aux coteaux riants et insouciants de l'enfance. Dans tous les cas, les versions témoignent d'une fraîcheur, d'un enthousiasme, d'un métissage auxquels il convient de tendre l'oreille.                                   



Reflet de soi et des autres, le Journal est un genre passionnant. Grâce à son passage, le long des siècles, du « privé » au « public », la lecture y trouve plaisir et matière à réflexion.
Construire son identité, contester celle que la société attribue d'avance (comme un « état de nature »), relève, souvent, de la lutte. Lutte prenant les formes de la révolte et de la contestation, les chemins de l'errance et de l'exil. Ce journeaux s'écrivent entre l'écoute de soi - « Qu'est-ce que donc que moi? » notait Lucile Desmoulins, à la veille de la Révolution française – et l'écoute du monde.
Précieux ouvrages où se posent des questions qui nous concernent encore : la formation de la personne, la justification de sa vie, le sens de l'écriture.
Il sera donc question de femmes, femmes « d'humanité intense » Lucile Desmoulins (1770-1794), Flora Tristan (1803-1844), Isabelle Eberhardt (1877-1904), Virginia Woolf (1882-1941), Sophie Tolstoï, Catherine Pozzi (1882-1934), Elsa Triolet (1896-1970).
Il ne sera pas interdit d'évoquer des diaristes masculins : Samuel Peppys, Amiel, les Goncourt, Léautaud, Pollac...

***Je propose aussi en lecture à voix haute une anthologie d'autoportraits élaborée à partir de ces journeaux intimes.

 Qu'il soit celui de la conjugalité ou non, de la fratrie ou de la « collégialité », le couple est ici l'histoire d'un compagnonnage, d'un partenariat intellectuel et passionnel. Cette vie à deux, ce mariage des intelligences et des talents, de l'émotion et de la beauté, de l'intellectualité et de la sensualité est aussi une vie humaine où les rapports de force ont leur mot à dire.

Lorsque le couple n'est plus un partenariat mais un affrontement mû par la volonté de posséder l'autre, jusqu'à l'effacer...

En territoire de littérature, des sciences et des arts, je propose de rencontrer : Emilie du Châtelet et Voltaire, Les frères Goncourt, Marie et Pierre Curie (en collaboration avec Farid Ammar Khodja), Virginia et Leonard Woolf, Colette et Willy, Elsa Triolet et Louis Aragon, Dora Maar et Pablo Picasso, Frida Kahlo et Diego Rivera, Arthur Miller et Marylin Monroe.