Journal: Année 1999

Soumya Ammar Khodja


Mercredi 17 nov


L'hiver est bien là. En train de lire le Journal des Goncourt, 3ème tome, je devrais dire celui d'Edmond. Une délectation, malgré sa misogynie, son antisémitisme. Les noms, les visages défilent : Flaubert, Zola, Maupassant, Sand, Tourgeniev, Hugo... Beaucoup de travail, d'écriture (à en mourir), salons, cafés, maladies des uns et des autres.

Vendredi 26 nov

J'essaie de travailler à mon roman, en écoutant Shubert, sonata D 784, 6 moments musicaux D 780 joués par Maria Joào Pires. C'est beau.

Mercredi 15 déc

Écoute d'une émission France-Inter. Sur le pardon, à propos de la Showa. Ai retenu : « la non contemporanéité des contemporains ». La mémoire se nourrit, se construit au-delà d'une volonté politique mais aussi à partir d'une émotion.
On pourrait avoir une attitude politique mais amputée d'une émotion profonde, essentiel qui aurait trait avec le vécu. Le pardon n'a aucun sens.

Vendredi 17 déc

« Un mal-être ancestral » écrit à peu près en ces termes Assia Djebar. Je sais de quoi il est question. Suis sortie tôt ce matin. Matinée à la bibliothèque universitaire. Après-midi à la médiathèque.
Ai lu en diagonale un article dans « Le Monde des débats » sur le pardon de J. Derrida. Passage sur l'Afrique du Sud concernant la Commission Vérité. Faudrait que je le relise. Moi qui cherchais des éléments de compréhension et d'approfondissement sur cette Commission (car l'histoire du pardon ne m'est pas très claire), j'y trouve des résonances. Pas de réponse mais des résonances. Je retiens que Desmond Tutu a christianisé le débat et qu'une partie de la communauté noire le lui a reproché.
Qui doit pardonner? La victime, par exemple, l'épouse d'un homme assassiné ou la victime absolue? Celle qui n'est plus là pour parler, pour pardonner. Quel sens a le pardon? Évoque également l'Algérie et n'ai pas compris où il a voulu en venir. Oui, il faut que je relise l'article, posément.